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Développement Durable

Quand les déchets plastiques des océans deviennent la source d’une croissance florissante.

Adidas et Parley s’engagent sérieusement dans la fabrication de vêtements de sport à partir de déchets océaniques.

par Stephane Dine
12 octobre 2017
Adidas
credit: adidas

C’est une histoire à la fois surprenante et finalement tellement évidente, quant à la manière dont le monde économique devrait fonctionner. L’histoire de l’association d’une grande marque textile de sport, Adidas, et d’une ONG impliquée dans la préservation des océans, Parley. Une collaboration à la source d’un plus grand respect de l’environnement par la réduction des déchets océaniques, mais aussi, d’une belle innovation et d’une croissance remarquable.

Les océans sont certainement un des écosystèmes les plus importants et les plus fragiles de notre planète. Et malheureusement, les dernières décennies de consommation et de production déraisonnables sont venues perturber plus que jamais ce trésor que nous connaissons encore si peu.

Une des causes majeures de perturbation du fonctionnement des océans sont les déchets plastiques, devenus tellement nombreux qu’on utilise désormais le terme de « 7ème continent » pour nommer les milliards de fragments de plastiques qui se sont agglomérés au nord de l’océan Pacifique, sous l’effet des gyres, ces tourbillons d’eau formés par les courants marins.

Ocean Plastic Waste

Découvert il y a 20 ans, en 1997, ce 7ème continent, aussi connu sous le nom de « Grande plaque de déchets du pacifique » (Great Pacific Garbage Patch), est le plus grand de ces amoncellements, d’une superficie de 3,43 millions de Km2, c’est à dire 6 fois la France, et d’une profondeur qui varie entre 10 et 30m. Mais ce n’est pas le seul puisqu’il existe 5 gyres sur le globe : 2 dans l’océan Pacifique, Nord et Sud, 2 dans l’océan Atlantique, Nord et Sud, et 1 dans l’océan Indien.

Au total, on estime aujourd’hui à plus de 5.000 milliards le nombre de débris plastiques flottant dans les océans, ce qui équivaut à environ 269.000 tonnes de déchets. Cette soupe plastique est la cause d’effets irréversibles sur la faune et la flore marine. Outre la dispersion de polluants chimiques, 1 million d’oiseaux et 100.000 mammifères marins meurent chaque année dû à des blessures liés à ces déchets ou bien à leur ingestion. (Source Surfrider)

« Si l'océan meurt, nous mourrons ! »
Capitaine Paul Watson - Sea Shepherd Conservaton Society

Pour lutter contre cette menace globale et grandissante de la pollution des océans par les plastiques, Parley propose la stratégie « AIR » :
-AVOID plastic wherever possible (Eviter le plastique autant que possible)
-INTERCEPT plastic waste (Intercepter les déchets plastiques)
-REDESIGN the plastic economy (Redessiner l’économie du plastique)

Si le pouvoir est en partie entre les mains des consommateurs en agissant de manière responsable, il l’est aussi entre celles des acteurs économiques et des grandes entreprises en particulier, en limitant leur impact sur l’environnement et en proposant sur le marché des produits écologiquement soutenables. Il est crucial aujourd’hui d’intégrer ceci en amont, dans la stratégie, dans le sourcing ainsi que dans les méthodes de production.

Avec le soutien de Parley, Adidas a donc imaginé et conçu un premier modèle de chaussure, basé sur leur modèle UltraBOOST, et dont la partie supérieure de la chaussure est fabriquée à partir de 5% de polyester recyclé et de 95% de déchets de plastique prélevés dans les eaux des Maldives, soit l’équivalent de 11 bouteilles de plastique par paire de chaussures. D’autres matériaux recyclés a été utilisé pour le reste de la chaussure, y compris le talon et des lacets.

Au démarrage, seulement 7.000 paires d’UltraBOOST estampillées Parley était prévues, mais avec l’ambition d’accélérer la production en cas de succès. En 2017, c’est environ 1 million de paires qui sont prévues, vendues sur un segment premium, jusqu’à 200€. Un développement presque insolent, et c’est tant mieux !
Adidas propose même aujourd’hui une gamme Parley d’une douzaine d’articles, chaussures femme et homme, et short de running.

Adidas, en prenant à bras le corps ce problème, et grâce à la créativité et à l’audace de ses employés ainsi qu’au soutien d’une ONG engagée, a réussi à proposer sur le marché du matériel innovant de haute performance, à participer concrètement à la réduction des déchets plastiques des océans, et à afficher un très beau succès commercial.
Un exemple à suivre, et qui prouve qu’il est possible de faire du développement durable économiquement (très !) performant.